Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/106

Cette page n’a pas encore été corrigée

Avant tout, nous demandons qu’on ne nous accuse pas d’injustice volontaire, de prévention hautaine. Nous sommes tout prêt à nous accuser le premier de manquer de science et d’avoir suivi souvent une fausse méthode pour arriver à la certitude. Nous n’apportons donc pas orgueilleusement la certitude. Nous n’avons jamais écrit, sous quelque forme que ce fût, que pour la demander aux autres, à ceux qui, mieux que nous, par leur intelligence, leur instruction ou leur expérience, pouvaient en approcher davantage.

Ceci n’est point une feinte humilité, c’est une inspiration du bon sens et rien de plus. Quelques mots d’explication sont ici nécessaires, car on croit peu aujourd’hui aux gens qui se rendent justice et qui ne cachent pas une immense vanité sous une hypocrite modestie.

Nous savons fort bien qu’il est facile de tourner en ridicule le rôle de questionneur hardi qui est le seul que notre ignorance et nos bonnes intentions nous laissent à remplir. Le pseudonyme qui voile le sexe n’est un mystère pour aucun de ceux qui accordent quelque attention à nos écrits. Nous ne reconnaissons pas à l’autre sexe une supériorité innée ; mais nous sommes bien forcé de reconnaître le résultat de l’éducation incomplète que nous avons reçue et qui ne nous permettrait pas de ne nous attribuer aucun genre d’enseignement. Rien ne remplace, dans la vie des femmes, cette instruction première, cette Minerve toute armée ; qui, selon Diderot, sort tout à coup du cerveau du jeune bachelier pour combattre ses premières impressions, ses premières erreurs.