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piqûres, il viendra pour persifler avec un enjouement bien philosophique :

Quoi qu’en disent là-haut les scribes dans leurs sphères, L’avenir, mes amis, aura d’autres affaires : Il aura bien assez de sa tâche au soleil Sans venir remuer nos vers dans leur sommeil.

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Nous venger ? l’avenir ? lui ? gros d’un univers ? Lui, dans ses grandes mains peser nos petits vers ? Lui, s’arrêter un jour dans sa course éternelle Pour revoir ce qu’une heure a broyé sous son aile ? Pour exhumer du fond de l’insondable oubli La page où du lecteur le doigt a fait un pli ! Pour décider, au nom de la race future, Si l’hémistiche impie offensa la césure ? Ou si d’un feuilleton les arrêts en lambeaux Ont fait tort d’une rime aux morts dans leurs tombeaux ?</poem>

Enfin, si vous vous imaginez le tenir, prêtres et docteurs de la religion du passé, prenez garde que d’un coup de son aile le cygne du christianisme, devenu aigle de la prophétie nouvelle, ne vous renverse tout à plat. Ce sont les plus beaux et les plus forts mouvements lyriques du poète, et il en est un qui mérite d’être lu tout au long c’est la pièce à M. de Genoude sur son ordination.

Après cette profession de foi, autrement large et aventureuse que celle du Vicaire Savoyard, ne croirait-on pas qu’au lieu de se remettre à écrire de petits vers sur l’album des duchesses, le grand lyrique va chanter cet autre prêtre qui, pour n’avoir pas voulu rentrer dans le passé, mais au contraire s’élancer dans l’avenir, dort aujourd’hui sous les verrous de Sainte-