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portent sur la montagne, où ils le placent à la manière de leur pays, dans un cercueil de pierre, la face tournée vers l’Orient.

Thor exaspéré veut contraindre la ziris à le suivre. Il viole l’enceinte du temple et crache à la figure de Ptah, l’idole aux yeux de verre. Un bruit formidable répond à cette insulte. La grande tour des astres, où Hemla s’était réfugiée, croule, engloutit le Scythe et le broie sous les décombres.

Hemla reste cramponnée au chambranle d’une porte d’airain qui s’ouvre maintenant sur le vide, au flanc de la muraille éventrée. Elle est perdue, elle va céder au vertige, elle va lâcher prise. Un inconnu sorti de la foule gravit le long de cette ruine qui chancelle comme un homme ivre. Il saisit Hemla, la sauve, l’emporte et disparaît avec elle au milieu de la confusion où se débat dans les horreurs de l’agonie la ville déplorable des Atlantes.

Cette secousse de tremblement déterre, c’est la fin de Satourann et de son peuple, et cet homme prodigieux qui emporte la ziris, c’est Némeith revenu à lui. Gorgo, la belle fille aux dents pointues, l’avait déterré pour le dévorer. Elle l’a caché dans les profondeurs des cavernes où vivent encore de leurs hideuses rapines quelques-unes de ces goules ou kères, derniers restes des gorgones qui suçaient le sang des blessés sur les champs de bataille et rongeaient les os des morts. Elles avaient jadis ravagé l’Atlantide. Vaincues par les vaillantes Amazones, elles erraient encore autour des mourants et enlevaient les nouveaux-nés dans leurs berceaux. Némeith a pu échapper aux effroyables embrassements de la kère ; mais une autre femme aussi féroce aux vivants que Gorgo l’est aux cadavres, c’est Arthémis,