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le monde. Il a été suffisamment original pour un élève de Balzac ; mais enfin il ne faisait que marcher dans la voie du maître, et ceux qui s’attendaient à des énormités ont trouvé chez lui l’heureuse et charmante fantaisie, le romanesque dans le roman et l’hyperbole dans la satire. Ils n’ont pas lu sans une surprise agréable la Vie d’Hoffman, avec des lettres et fragments inédits de ce génie fantastique, recueillis et commentés avec amour par l’apôtre du réalisme. Donc M. Champfleury n’est pas bien d’accord avec lui-même, et disons-le, comme nous le pensons, son talent spirituellement satirique n’est pas net dans la critique de fond. Il y manque de clarté. On sent qu’il s’efforce de prouver ce qui n’a pas besoin de l’être, à savoir que l’étude du vrai, beau ou laid, est une étude difficile et nécessaire.

On a reproché aux réalistes d’affecter un style par trop incorrect, sous prétexte de forme facile, naturelle et positive. Il est certain qu’ils pourraient écrire mieux s’ils le voulaient. Quand M. Champfleury oublie de se négliger, et cela arrive fort souvent. Dieu merci, sa forme devient charmante et forte en même temps.

M. Max Buchon, qui a traduit les excellents contes réalistes ou non de M. Auerbach (Scènes villageoises de la Foret noire), aurait pu, si son texte était obscur et d’un dialogue difficile à suivre, l’éclaircir un peu par charité pour ceux qui ne devinent pas la forme allemande. M. Max Buchon est très-clair quand il parle lui-même. Quand il traduit en vers les adorables poésies de llébel, il est aussi limpide que son maître, et quand il fait des vers pour son compte, il les fait très-fermes et très-soignés.