Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/277

Cette page n’a pas encore été corrigée

parisien, de demander grâce pour cet accent de la Méditerranée qui laisse parfois son empreinte sur quelques rimes plus fidèles pour l’œil que pour l’oreille. Parfois aussi la musique de ses chants paraît un peu dure, un peu ronflante, et la recherche des images sent le voisinage de l’Italie, la terre du concetto.

Défauts et qualités, tout a son cachet et sa valeur dans ce talent vigoureux et jeune qui a devant lui, nous le croyons, un grand avenir. Cette voix restera sur les rivages du Midi comme un écho des brises et des tempêtes d’une mer à la fois riante et fougueuse. Que ses compatriotes soient fiers de l’entendre, car Poncy eût marché plus vite comme renommée au centre des arts et du mouvement des idées ; mais son âme eût peut-être perdu de son énergie et de sa simplicité ; et pour être laborieux, son essor ne sera que plus vaste.

Un travail manuel, âpre et absorbant, a retardé sans doute les progrès de son art. Un peu plus de doux loisir lui était dû par la providence humaine, mais il vaincra tout avec l’aide de Dieu, avec ou sans celle des hommes. Il est de la vraie race des poètes, dont le destin est de grandir dans la souffrance.

Nohant, 29 décembre 1854.