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J’ai dit un roman et un drame. C’est plutôt un drame ; un drame à deux personnages, rendu par un monologue ardent, passionné, hardi dans le délire du bonheur et de la colère, souvent admirable, toujours vrai, et tout à fait déchirant à la fm. En un mot, et c’est une chose rare, on est ému jusqu’au fond des entrailles en fermant ce livre au titre modeste et quelque peu sournois, et on songe moins à dire : « Voilà de beaux vers, » qu’à s’écrier : « Voilà une terrible passion ! »

Il faudrait en faire l’analyse ; mais c’est froid, une analyse en prose. C’est impuissant à communiquer l’émotion que, cette fois, la forme sait tirer du sujet. J’aime mieux en indiquera la hâte le résumé, en prenant quelques vers un peu partout et comme au hasard, mais en suivant, dans l’ordre des divers morceaux, la progression de la passion sentie. On se fera au moins une idée de cette manière nouvelle, qui est un immense progrès dans le talent de Poncy, et je crois que le meilleur éloge à lui donner n’est pas tant d’approuver que de prouver.

Dans la première partie :

Qu’as-tu, mon pauvre cœur ? Quoi donc t’oppresse ainsi l
    Quelle vie étrange et nouvelle !
Pourquoi tant de langueur, de trouble et de souci ?
Quoi ! l’avoir vue à peine et te rendre à merci,
Esclave d’un amour avant qu’il se révèle !


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Enfant, quand sous mon toit je te dis de me suivre,
Tu réponds qu’il te faut la liberté pour vivre !
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