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veaux, les écrivains tournèrent toutes leurs facultés vers ce côté de l’art qui consiste à inventer des événements, à multiplier les situations, à les trouver fortes et intéressantes. Aussi plusieurs scénarios italiens sont-ils des modèles dans ce genre.

Lorsque la comédie régulière et la tragédie classique eurent pris possession de notre scène, on apprit à dédaigner le mérite de ces canevas et le talent des acteurs qui les faisaient valoir. Aujourd’hui que l’engouement pour les classiques est banni de toutes les têtes, on croit encore au jugement du dix-septième siècle sur les pièces de théâtre où l’on avait osé manquer à la règle des trois unités. Bon nombre de gens s’imaginent que les comédies italiennes n’étaient que des farces de baladins, des parents dont le goût épuré de notre âge ne pourrait supporter le spectacle. C’est une erreur, que la lecture attentive de quelques scénarios italiens suffirait à dissiper ; la plupart de nos vaudevilles ne valent pas les bonnes pièces de la comédie italienne. Bien souvent ils n’en diffèrent que par les noms des personnages, empruntés de la vie contemporaine. Comme dans les comédies italiennes, leur principal mérite consiste dans la manière dont ils sont intrigués. Si nous avions des auteurs capables de l’impromptu, j’imagine que ces pièces ne perdraient rien à être livrées en scénarios aux comédiens, et que le public prendrait encore plaisir aux vivacités imprévues d’un dialogue improvisé.

Juin 1852.