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épurée et éclairée par la lumière de son inspiration individuelle.

En pratique, il y a bien, sous un certain rapport, quelque chose de cela dans la réconciliation apparente qui se proclame entre le corps et le nouveau membre ; mais le lien qui se renoue entre eux embrasse si peu de chose que ce n’est guère la peine d’en parler.

C’est une réconciliation littéraire, et rien de plus. Qu’elle soit sincère, j’aime mieux le croire que d’en douter. Mais qu’elle soit très-importante pour la gloire du siècle et du pays, il m’est bien permis de ne pas le croire.

Qu’importe au pays, en effet, que les divergences d’opinion sur la forme littéraire cessent à un moment donné dans l’enceinte de l’Institut ? Il y a tant de gens qui ne savent pas lire, qui n’ont pas de quoi manger, et qui, grâce à la paix féconde préconisée par le directeur de l’Académie, n’ont ni foi ni loi, en aucune chose, pas même en littérature ! Ces pauvres gens, c’est le pays, quoi qu’on en dise, et je demande ce que la majorité des Français a recueilli d’instruction à la querelle des classiques et des romantiques, ce qu’elle va gagner en bonheur intellectuel et matériel à la réunion de ces deux fameuses écoles sous la coupole de l’institut.

Camille Desmoulins et ses émules en ont plus appris à la majorité des Français que ne lui en apprendraient aujourd’hui quarante discours à propos de quarante fauteuils.

Est-ce à dire que l’Académie ne devrait parler que la langue du peuple, et à l’heure qu’il est, faire appel à de terribles nécessités ? Non, ce n’est point là sa