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Seigneur, quel caprice est le vôtre !
Deviez-vous me traiter si mal ?
Quoi ! tout d’un côté, rien de l’autre ;
Le partage est trop inégal.
À moi le travail et la peine,
Au voisin, l’or, un bon emploi ;
Je m’épuise, lui se promène :
Le bon Dieu s’est moqué de moi.

Un peu forte est la pénitence,
Et trop longue au moins de moitié ;
Une voix me dit : « Patience, »
C’était celle de l’amitié.
Fille du ciel, par toi j’éprouve
Qu’à grand tort je manquais de foi ;
Mon petit lot, je le retrouve ;
Dieu ne s’est pas moqué de moi.

M. A. — Je me déclare très-satisfait de votre tisserand ; et, tout en reconnaissant qu’il y a du vrai génie poétique dans la tête de cet homme qui se plaint de manquer d’instruction,

· · · · · · · · · · · · · À l’égal des sauvages,
Qui n’ont jamais quitté leurs incultes rivages,

je sens qu’il y a chez lui de la loyauté, de la modestie, de l’affection, de la force, toutes les qualités qui attirent le cœur vers les hommes de bien. Allons, je vous passe encore Magu. Je ne trouve pas qu’on ait à lui adresser aucune des critiques qui pleuvent aujourd’hui sur les poètes ouvriers, et que je serai désormais plus circonspect à répéter. Les éloges n’ont point enivré ce brave homme, pas même ceux du plus grand maître en son genre ; et j’admire qu’il n’ait pas quitté son métier, tant que ses yeux lui ont permis de