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Les femmes d’ici sont très-supérieures en caquet facile ou sensé à celles de chez nous, mais elles ont moins de retenue.

Tout en causant, j’apprends une particularité. Elles travaillent beaucoup plus que les hommes, et se piquent d’être plus actives, plus courageuses et plus avisées. Elles se plaignent de la fatigue, mais elles s’en prennent au rocher, et non au père ou au mari, qui me parait être l’enfant gâté de chaque maison.

Comme chez nous, la maternité est très-tendre ; de plus, les femmes sont orgueilleuses de la beauté de leurs enfants, et chacune va chercher le sien pour vous le montrer.

J’en regarde un tout seul de l’autre côté de la rue. Il est fort barbouillé, ce qui ne l’empêche pas d’avoir une tête d’ange. C’est un ange qui a mangé des guignes, voilà tout ; et pourquoi pas ?

Je m’approche pour l’admirer, une belle femme s’avance sur le perron et me crie d’un air brusque et charmant :

— Il est à moi, celui-là. Il n’est pas plus mal bâti qu’un autre, hein ?