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être ainsi. On pourra compter beaucoup sur l’homme qui aura franchi avec réflexion ses propres doutes.

Voici ce que dit sur le paysan berruyer le très-grave et très-excellent historien M. Louis Raynal, premier avocat général à la Cour royale de Bourges en 1845 ; notez ce titre, qui exclut l’idée d’une candeur trop enfantine et d’une inexpérience trop romanesque :

« Ces populations, auxquelles manquent, il faut en convenir, un certain éclat et une certaine vivacité d’intelligence, sont généralement, sous le rapport moral, dignes d’une haute estime. Sans doute, les progrès du temps, qui n’amène pas toujours des perfectionnements sans mélange, n’ont pas assez complétement respecté leur moralité et leurs croyances. Mais il reste encore, surtout dans nos campagnes, un fonds remarquable de probité et de loyauté. Des esprits chagrins le nient, soit pour exalter le passé au préjudice du présent, soit parce que les intérêts établissent trop souvent, entre la classe qui possède le sol et celle qui l’exploite, une sorte de rivalité malveillante. Mais ne calomnions