Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fausseté ? J’aurais cru justement tout le contraire.

Je lisais dernièrement dans une critique, très-juste à beaucoup d’égards, mais trop ardente pour l’être toujours, que la Muse était en général trop aristocratique, et que, pour être un vrai peintre, il fallait consentir, comme le paysan, à mettre ses mains dans le fumier.

Je relus trois fois la phrase ; ce n’était pas une métaphore, mais c’était une erreur. Le paysan ne met pas ses mains dans le fumier. Il n’y touche qu’avec des outils à long manche. Il est quatre fois plus dégoûté qu’il n’est utile de l’être. Il fait beaucoup plus de bruit à sa ménagère pour une chenille dans sa salade que nous à nos domestiques. Il ne boit pas comme, nous à la première source venue. Il ne touche pas à une bête malade sans de grandes craintes et de grandes précautions. Les insectes des champs lui font souvent peur ou lui répugnent. Il a une foule de préjugés qui font qu’il s’abstient de tout contact avec une foule de choses que nous bravons, parce que nous les savons inoffensives.

Il y a des exceptions, des paysans malpropres ;