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C’est toute une science pratique que l’élevage des chenilles, et certaines éducations font le désespoir des entomologistes. Pourtant, ici, si le climat se rapproche de celui de l’Afrique et de la Provence, la flore en diffère à beaucoup d’égards. Par exemple, pour algira, je ne vois pas dans ces régions, et je cherche en vain dans la Flore centrale de Boireau (l’ouvrage le plus complet et le plus consciencieux possible) le moindre analogue avec le grenadier.

Ces êtres non domesticables, que l’on croit invariablement soumis aux lois générales et inflexibles de l’instinct, sont donc susceptibles de modifier le premier de tous les instincts, celui de l’alimentation, en raison des ressources que leur offre le milieu où ils se trouvent. Gordius doit vivre sur les bruyères, et pourtant il n’y a pas de bruyères dans la région où nous l’avons rencontré.

Que mangent donc ici les chenilles d’algira et de gordius ? Grande question de nos entomologistes ; question qui fait rire au premier abord, mais qui se rattache à une question fondamentale en histoire naturelle et même en philosophie : à savoir si cer-