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d’opéra-comique d’autrefois, lorsque les bergères avaient des robes de satin et les moutons des rubans roses, mais un village d’opéra-comique moderne, c’est-à-dire un décor à la fois charmant et vrai, un décor de Rubé et consorts, permettant une mise en scène heureuse et naïve, des détails empruntés avec amour à la nature ; du réalisme comme il faut en faire, en choisissant dans le réel ce qui vaut la peine d’être peint : une petite ogive basse sur le ruisseau, un fond dont le toit en tourelle disparaît sous les fleurs sauvages, un buisson heureusement jeté sur les décombres, que sais-je ?

L’art aime et voit aujourd’hui tout ce qui est naïf, même la brouette cassée qui, avec une urne renversée, compose un tableau sur le fumier blond où le coq se promène d’un air aussi vaniteux que s’il foulait un tapis de pourpre, et où la poule gratteuse et affairée semble toujours absorbée dans la recherche de cette fameuse perle dont elle ne saurait que faire.

Sentir que tout est du ressort de l’artiste, voilà, quant à moi, tout ce que je peux entendre au mot de