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Nous trouvâmes le chemin rapide, mais commode, le pont très-joli et le confluent des deux torrents admirable de fraîcheur et de mystère.

Le soleil était déjà couché pour nous, il était descendu derrière les rochers qui nous faisaient face ; mais, au loin, il envoyait, à travers ses brisures, de grandes lueurs chaudes et brillantes sur les fonds d’émeraude de la gorge.

Quand on est tout au fond de cette brèche qui sert de lit à la Creuse, l’aspect devient quelquefois réellement sauvage. Sauf les pointes effilées de quelques clochers rustiques qui, de loin en loin, se dressent comme des paratonnerres sur le haut du plateau, et quelques moulins charmants échelonnés le long de l’eau, avec leurs longues écluses en biais ou en éperon, qui rayent la rivière d’une douce et fraîche cascatelle, c’est un désert.

Pour peu que l’on se trouve engagé dans un de ses coudes rocailleux, assez escarpés pour ne pas livrer passage aux troupeaux, on se croirait au sein d’une nature âpre et désolée. Mais, un peu