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rie de petites guerres de voisin à voisin, et l’on pourrait dire de cousin à cousin. Il ne paraît pas que ces turbulents hobereaux aient pris souvent parti dans les grandes guerres civiles qui désolaient la France. Leurs exploits se tournaient vers les croisades, où plusieurs ont acquis du renom et dépensé leur bien. Aussitôt rentrés chez eux, ils n’avaient plus pour aliment à leur activité que les procès, presque toujours dénoués à main armée. Ils se mariaient dans le pays, c’est-à-dire que toutes les familles nobles étaient assez étroitement alliées les unes aux autres ; mais il ne paraît pas que ce fût une raison pour s’entendre. Il n’est guère de succession qui n’ait donné lieu à des querelles, à des combats et à des assauts plus ou moins meurtriers.

Il résulte de la petitesse des intérêts personnels qui se sont débattus dans ces romantiques demeures, que l’histoire des châtellenies berruyères et marchoises, bien que très-agitée, est sans attrait réel. Quelques épisodes comiques, quelques discussions et conventions bizarres entre les couvents et les châteaux, à propos de redevances et de dîmes con-