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charmes, que le secret lui révèle, et reste là, seul de chrétien, jusqu’à la fin de la messe.

Dans ma propre maison, à moi qui vous raconte ceci, la chose se passe ainsi tous les ans, non pas sous nos yeux, mais au su de tout le monde, et de l’aveu même des métayers.

Je dis : Non pas sous nos yeux, car le charme est impossible si un regard indiscret vient le troubler. Le métayer, plus défiant qu’il n’est possible d’être curieux, se barricade de manière à ne pas laisser une fente ; et, d’ailleurs, si vous êtes là quand il veut entrer dans l’étable, il n’y entrera point ; il ne fera pas sa conjuration, et gare aux reproches et aux contestations s’il perd des bestiaux dans l’année : c’est vous qui lui aurez causé le dommage.

Quant à sa famille, à ses serviteurs, à ses amis et voisins, il n’y a pas de risque qu’ils le gênent dans ses opérations mystérieuses. Tous convaincus de l’utilité souveraine de la chose, ils n’ont garde d’y apporter obstacle. Ils s’en vont bien vite à la messe, et ceux que leur âge ou la maladie retient à la maison ne se soucient nullement d’être initiés aux