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follets qui vous entraînent dans quelque marécage ou rivière pour vous y faire noyer.

La cocadrille, bien connue au moyen âge, existe encore dans les ruines des vieux manoirs. Elle erre sur les ruines la nuit, et se tient cachée le jour dans la vase et les roseaux. Si on l’aperçoit alors, on ne s’en méfie point, car elle a la mine d’un petit lézard ; mais ceux qui la connaissent ne s’y trompent guère et annoncent de grandes maladies dans l’endroit, si on ne réussit à la tuer avant qu’elle ait vomi son venin. Cela est plus facile à dire qu’à faire. Elle est à l’épreuve de la balle et du boulet, et, prenant des proportions effrayantes d’une nuit à l’autre, elle répand la peste dans tous les endroits où elle passe. Le mieux est de la faire mourir de faim, ou de la dégoûter du lieu qu’elle habite en desséchant les fossés et les marais à eaux croupissantes. La maladie s’en va avec elle.

Le follet, fadet ou farfadet, n’est point un animal, bien qu’il lui plaise d’avoir des ergots et une tête de coq ; mais il a le corps d’un petit homme, et, en somme, il n’est ni vilain ni méchant, moyennant qu’on ne le