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rustiques. Il n’est donc pas sans intérêt de recueillir les fragments, épars dans toutes les provinces de France, de cette poésie terrible, riante ou burlesque, qui, dans un demi-siècle peut-être, n’aura plus ni bardes, ni rapsodes, ni adeptes.

L’Allemagne passe pour être la terre classique du fantastique. Cela tient à ce que des écrivains anciens et modernes ont fixé la légende dans le poëme, le conte et la ballade. Notre littérature française, depuis le siècle de Louis XIV surtout, a rejeté cet élément comme indigne de la raison humaine et de la dignité philosophique. Le romantisme a fait de vains efforts pour dérider notre scepticisme ; nous n’avons su qu’imiter la fantaisie allemande. Le merveilleux slave, bien autrement grandiose et terrifiant, nous a été révélé par des traductions incomplètes qui ne sont pas devenues populaires. On n’a pas osé imiter chez nous des sabbats lugubres et sanglants comme ceux d’Adam Mickiewicz.

La France populaire des campagnes est tout aussi fantastique cependant que les nations slaves ou germaniques ; mais il lui a manqué, il lui manquera