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sérieux. Un des conviés fut littéralement embroché dans la bataille. Dès lors, la cérémonie tomba en désuétude ; on fut d’accord sur tous les points de la supprimer, et nous avons vu la dernière il y a dix ans. On eût pu se borner à supprimer la bataille ; mais, la conquête du foyer étant le but symbolique de l’affaire, on jugea que le reste n’aurait plus de sens. Je regrette pourtant les chansons à la porte, et la belle mélodie de : Ouvrez la porte, ouvrez ! qui, n’ayant plus d’emploi, se perdra.

Après la broche plantée, venait pour le marié une dernière épreuve : on asseyait trois jeunes filles avec la mariée sur un banc, on les couvrait d’un drap, et, sans les toucher autrement qu’avec une petite baguette, le marié devait, du premier coup d’œil, deviner et désigner sa femme ; lorsqu’il se trompait, il était condamné à ne pas danser avec elle de toute la soirée ; car, ensuite, venaient le bal, le souper, et des chansons jusqu’au jour. Une noce comportait trois jours et trois nuits de joie et bombance, sans désemparer d’une heure.

La gerbaude est une cérémonie agricole que l’au-