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crée. Les fusils et les pistolets donnent le signal. La vielle grince, la musette braille ; chacun tire la corde de son côté, et enfin, après bien des hésitations et des efforts simulés, le chou est extrait de la terre et planté dans une grande corbeille avec des fleurs, des rubans, des banderoles et des fruits. Le tout est mis sur une civière que quatre hommes des plus vigoureux soulèvent et vont emporter au domicile conjugal.

Mais alors apparaît tout à coup un couple effrayant, bizarre, qu’accompagnent les cris et les huées des chiens effrayés et des enfants moqueurs. Ce sont deux garçons dont l’un est habillé en femme. C’est le jardinier et la jardinière. Le mari est le plus sale des deux. C’est le vice qui est censé l’avoir avili ; la femme n’est que malheureuse et dégradée par les désordres de son époux. Ils se disent préposés à la garde et à la culture du chou sacré.

« Le mari porte diverses qualifications qui toutes ont un sens. On l’appelle indifféremment le pailloux, parce qu’il est parfois coiffé d’une perruque de paille et qu’il se rembourre le corps de bosses de paille,