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Une jolie petite fille de dix ans sort de la maison d’école, apporte au pauvre un gros morceau de pain blanc, le lui met dans sa besace et lui demande où il veut aller.

Le bonhomme lui ordonne d’un air grave de le conduire au château. Elle lui prend la main et l’emmène, en écartant devant lui, avec son petit sabot, les pierres qui pourraient le faire trébucher.

On déjeune chez madame Rosalie, on lui dit adieu, et on part pour le Pin par le chemin d’en haut. On redescend avec Moreau à la Creuse, et on fait encore une lieue dans les rochers pour aller au Trou-Martin, un bel endroit, le plus hérissé de la contrée : rochers en aiguilles sur les deux rives de la Creuse, aridité complète, découpure romantique autour du courant devenu plus rapide ; l’un fait un croquis ; l’autre, un somme.

Au retour, à un méandre où le torrent est calme et profond, une barque glisse lentement d’une rive à l’autre. Le batelier conduit trois femmes chargées de paniers de fruits ; tous quatre sont superbes de pose et de costume, à leur insu ; l’eau est un miroir ;