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premiers, joli garçon très-braque et très-mauvais acteur, qu’il m’eût été bien facile de remplacer d’emblée, si j’eusse été mauvais camarade. Il avait l’air sombre et désolé.

— Ah ! mon cher Laurence, s’écria-t-il en se jetant presque dans mes bras, si tu savais comme je souffre !

— Quoi donc ? qu’as-tu ?

— Elle aime quelqu’un !

— Qui, elle ?

— Impéria ! elle vient de le dire tout haut et d’un air de bravade pour nous tous !

— Je le sais bien, j’y étais !

— Tu étais là ? Tiens, c’est vrai, c’est à propos de toi ;… mais ce n’est pas à cause de toi qu’elle a parlé comme elle l’a fait ! c’est à cause de moi, va, et pour me désespérer.

— Tu l’aimes donc ?

— Éperdûment !

Je n’en savais rien, et en cela j’étais aussi fou que lui, qui se croyait le seul aspirant. Je me gardai bien de lui ouvrir mon cœur, et je feignis de le plaindre, enchanté d’avoir quelqu’un à qui parler d’elle. Il l’aimait depuis qu’elle était entrée à l’O-