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— Il faut vous habituer à ça, mon enfant, c’est le théâtre !

Le lendemain, elle remplaçait mademoiselle Corinne, qui se déclarait son implacable ennemie.

La pièce marchait mieux et plus vite. Je remarquai que, lorsqu’on avait à chauffer un peu le jeu trop posé d’Impéria, on lui parlait toujours avec une extrême déférence, et que, dans les parties du rôle où ressortaient ses qualités, on l’encourageait beaucoup. Évidemment, on avait pour elle une considération au-dessus de son âge et de sa position. Elle le devait à sa tenue et à sa douceur, qui imposaient à la fois le respect et l’intérêt. Au foyer, cette secrète influence se faisait sentir encore plus. Les acteurs sont des enfants parfois mutins, légers et prêts à tout casser ; mais ce sont des enfants impressionnables, des observateurs délicats, des instruments très-sensibles qu’un souffle met en vibration. Superbes et cruels dans le dénigrement, ils sont toujours prêts à l’enthousiasme, et il arrive souvent que deux ennemis irréconciliables s’applaudissent l’un l’autre avec transport sous le coup d’une admiration sincère. Ils ont la liberté de jugement des virtuoses irresponsables. Leur vie intel-