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pleurésie à passer la nuit dehors durant sa fièvre. Elle se retourna comme surprise, et, en me rendant mon salut, elle eut un petit clignotement froid ou méfiant qui semblait dire : « Quel est ce monsieur ? » mais son attention ne s’attacha pas à un nouveau visage de plus ou de moins ; elle reporta les yeux sur son ouvrage, et rien ne me donna l’espoir que ma maudite heureuse figure l’eût frappée.

Je pris mon courage à deux mains, comme on dit. Je feignis de regarder le portrait de Talma, placé du côté de la cheminée. Je m’étais rapproché ; mais je lui tournais presque le dos, et alors je m’imaginai qu’elle se préparait à laisser la cheminée libre pour ne pas se trouver près de moi. Je ne voulus pas voir s’accomplir son mouvement de retraite, et, toussant encore, cette fois pour me donner une contenance, je sortis par la porte qui conduit au théâtre. J’allai m’asseoir à l’orchestre, et j’entendis M. Bocage dire au régisseur, en lui montrant l’ingénue qui répétait :

— Léon, cette petite ne va pas du tout, elle est impossible ! À la fin de l’acte, il faudra y renoncer. Impéria ne serait pas plus passionnée, mais elle ne