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l’établissement. C’était une grande faveur, que l’on accordait à quelques jeunes artistes seulement, et je n’étais rien encore.

Dès le soir même, j’assistais à la représentation. Hélas ! Impéria ne jouait guère que le vendredi, mais je résolus de me lier avec les acteurs de mon âge et de prendre pied au foyer des artistes pour avoir la certitude de l’y rencontrer.

Tout naturellement, j’allai remercier le jeune comique de la protection qu’il m’avait offerte. Il savait déjà mon aventure. Il avait vu l’espèce d’ovation qui m’avait recommandé à la confiance de Bocage. Il me présenta à ses camarades comme un aspirant garanti, me débita mille lazzis éblouissants, et me laissa tout ébahi de cet esprit de théâtre, auprès duquel celui des étudiants de seconde année est bien lourd, bien pâle et bien provincial encore.

Au bout de trois jours, j’étais là comme chez moi, sauf que je m’avisais de tout ce qui me manquait pour être au ton de la maison. Je sentais bien aussi que cette espèce de surnumérariat de tolérance ne me donnait pas le droit de prendre mes aises. Je tremblais de mériter le moindre reproche de la part