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sonnage. On pourrait marquer à la craie sur le plancher l’espace où chacun peut se mouvoir à un moment donné, le nombre de pas qu’il doit faire, mesurer le développement de son bras en certain geste, déterminer la place précise où doit tomber un objet, dessiner la pose du corps dans les fictions de sommeil, d’évanouissement, de chute burlesque ou dramatique. Tout cela est réglé au répertoire classique par des traditions absolues. Dans les créations nouvelles, tout cela exige de longs tâtonnements, des essais auxquels on renonce ou sur lesquels on insiste : de là des discussions quelquefois passionnées où l’auteur juge en dernier ressort au risque de se tromper, s’il manque de coup d’œil, de goût et d’expérience. Les artistes, du moins ceux qui ont une certaine autorité de talent, discutent aussi ; ils réclament contre des exigences justes ou injustes. Les petits ne disent rien ; ils souffrent et s’effacent. S’ils sont gauches ou disgracieux, on est obligé de sacrifier un effet que l’on jugeait utile et de tirer le parti qu’on peut de leurs moyens naturels ; encore faut-il leur tracer l’emploi de ces moyens pour qu’ils n’y changent rien durant cent représentations. L’acteur qui im-