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subalternes et de prendre sa place le lendemain.

Une autre idée me traversa la cervelle. Était-il impossible de se présenter comme comédien ? Ce que j’apercevais de la répétition me faisait constater le peu d’initiative de l’artiste et comme quoi on lui mâche sa besogne. Je n’avais pas la moindre idée de ce que l’on appelle la mise en scène, et la plupart des spectateurs ne s’en doutent pas davantage. On croit naïvement que cet ordre admirable, cette adresse de mouvements, cette sûreté d’entrecroisements qui sont établis sur la scène, et qui servent à l’échange des répliques sans préméditation apparente, à la mise en lumière des effets, au dégagement et au relief des moindres situations, sont des résultats spontanés dus à l’intelligence des acteurs ou à la logique des scènes. Il n’en est pourtant rien. Ou les artistes ordinaires manquent d’intelligence, ou ils en ont trop, ou ils ne font rien ressortir, ou ils se préoccupent trop de l’effet à produire, et y sacrifieraient volontiers la vraisemblance d’attitude et de situation des autres personnages. La mise en scène est comme une consigne militaire qui règle le maintien, le geste, la physionomie de chacun, même ceux du moindre per-