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il est garçon, mais il a une gouvernante. Je ne lui en veux nullement pour cela. Je sais que, sauf son dévouement à tous les pouvoirs, c’est un très-honnête homme, convenablement charitable. Il ne me doit rien. Je n’ai pas le moindre reproche à lui faire. Il a gagné lui-même sa fortune, il est bien libre d’en disposer à sa guise.

Mon père ne prend pas la chose aussi philosophiquement. S’il a fait des sacrifices pour mon éducation, c’est dans l’espoir que je serais un monsieur. Ce n’est pas ma faute. Je ne demandais pas mieux que d’être un paysan. J’avais l’âme heureuse dans notre humble milieu, et j’y suis toujours revenu en regrettant d’en être sorti. Mon seul plaisir, à l’heure qu’il est, c’est encore d’arroser les fleurs et les légumes de notre enclos, de tailler les arbres, de rouler la brouette et de forcer mon vieux père de se reposer un peu.

J’aime mes compagnons d’enfance. Leurs façons rustiques sont loin de me déplaire ; autant que je peux m’étourdir de mes chagrins, c’est avec eux que je le tente. Boire et chanter, travailler et causer avec ces braves gens, voilà encore ce qu’il y a de plus clair dans mes amusements. J’abuse un