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tudes, étaient restés honnêtes gens. Si je ne vous parle pas de ceux que la misère avait corrompus, ou qu’elle avait saisis nécessairement et fatalement dans le vice et la paresse, c’est que ces types-là se ressemblent tellement entre eux, qu’il n’y a aucun intérêt à les observer et à les décrire. Ceux qui, au contraire, aiment mieux mourir de faim que de s’avilir mériteraient des biographies rédigées par des gens d’esprit. C’est la curieuse et respectable phalange des toqués que le monde pratique ne plaint pas et n’assiste pas, parce que leur infortune provient justement du manque de sens pratique et peut être imputée sans merci à leur imprévoyance et à leur désintéressement. J’avoue que je ressentis plus d’une fois pour ces honnêtes aventuriers une sympathie très-vive, et que, si je n’avais regardé mon petit capital comme religieusement consacré aux éventualités qui menaçaient mes propres camarades, je l’aurais dépensé en petite monnaie pour secourir ces camarades de rencontre. Je vous en citerai un entre cent, pour vous donner une idée de certaines destinées.

Il s’appelait Fontanet, de Fontanet, car il était