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Je joignis mes instances aux siennes. Elle dut céder ; mais, pendant qu’elle préparait mes potions et en expliquait minutieusement l’usage à Moranbois, je pleurai comme un bébé qui a promis à sa maman d’être bien sage, mais qui ne peut la voir partir sans douleur et sans effroi. Heureusement, je cachai ma tête dans mes draps, et on ne vit pas mes pauvres larmes puériles.

Ce fut ma première feinte. Bientôt, la réflexion me revenant, je me livrai à la ruse. On parlait souvent de moi à voix basse dans la chambre, et la torpeur de la convalescence me rendait indifférent à ce qu’on pouvait dire. Peu à peu, en reprenant possession de moi-même, je m’avisai d’écouter et de surprendre, s’il était possible, quelque révélation des vrais sentiments d’Impéria à mon égard. Je simulai donc de temps en temps un sommeil profond qu’aucun bruit ne pouvait troubler, et je m’étudiai à ne pas perdre un mot, tout en donnant à ma physionomie l’immobilité d’une surdité complète. Cette fois, je jouai très-bien la comédie.

Le seul dialogue intéressant que je surpris fut celui-ci entre Impéria et Bellamare. Il fut décisif, comme vous allez voir.