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volonté, elle ne fût pas descendue aux plus humbles fonctions de garde-malade. Cette fille si pure et si réservée n’avait plus ni honte ni dégoût auprès d’un malade. Elle me servait comme elle avait probablement servi son père.

Cette charité sans bornes, c’est une vertu des comédiens qu’il est impossible de nier. Impéria l’avait apportée dans ce milieu où elle n’était pas née, et elle l’exerçait avec toute la suavité de sa nature attentive, réfléchie et délicate. La bonne Régine, qui était rentrée à l’Odéon, vint me soigner aussi, mais avec trop de bruit et de zèle. Je ne me sentais réellement mieux que quand Impéria était près de moi. Anna me fit une petite visite très-affectueuse ; mais elle avait un amant jaloux qui ne lui permit pas de revenir.

Un soir, Moranbois dit à Impéria :

— Princesse, — il l’appelait toujours ainsi d’un ton moitié respectueux, moitié dérisoire, — tu es pâle et jaune, pour ne pas dire verte. Tu es fatiguée, je veux que tu ailles chez toi, te coucher et dormir une vraie nuit. Je me charge de ton malade et j’en réponds. Va-t’en ! Moranbois l’a dit, Moranbois le veut !