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par un violent exercice. Je me mis au lit en rentrant, j’avais une fièvre cérébrale.

Entre le sommeil et le délire, je ne sais ce qu’il advint de moi. Un matin, je me rendis compte d’un grand accablement. Je reconnus ma chambre. Je crus y être seul, et je me rendormis avec la conscience de vouloir dormir. J’étais sauvé.

Je rêvai, des images nettes remplacèrent les fantômes sans forme et sans nom qui m’avaient roulé avec eux dans le chaos de la démence. Je revis Impéria. Elle était dans un jardin plein de fleurs, et je l’appelais pour la répétition, qui se faisait dans un autre jardin, à côté. Je me soulevai et je l’appelai d’une voix faible. Je rêvais encore tout éveillé.

— Que veux-tu, mon cher ami ? me répondit une douce voix bien réelle. Et la délicieuse tête de ma chère camarade m’apparut penchée sur la mienne.

Je refermai les yeux, pensant rêver encore ; je les rouvris en sentant sa petite main sur mon front, dont elle essuyait la sueur. C’était elle, c’était bien elle, je n’avais plus la fièvre, je ne divaguais plus. Elle était là depuis trois jours. Elle me soignait