Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/268

Cette page n’a pas encore été corrigée

votre belle et bonne âme. Restez ainsi, c’est ainsi que je vous aimerai, comme une sœur aime son frère, comme une mère aime son enfant, puisque vous êtes encore un enfant. Un mot, et je cours à la Haye, j’explique tout à Bellamare, et nous travaillons habilement, délicatement, résolument pour vous. Je vous amène Impéria, je vous marie, et alors je me fais connaître. »


Cette lettre m’écrasa. Je compris que j’étais perdu. Mon inconnue était la plus vaillante, la plus généreuse des femmes, mais elle était femme. J’avais eu tort d’être sincère ; elle se méfiait de ma confession, elle ne croyait plus en moi. Elle me renvoyait à Impéria ; ce que j’avais failli écrire à celle-ci, elle me l’écrivait sans remords : Portez-vous bien ! c’est-à-dire : aimez qui vous voudrez. Altière et superbe dans le romanesque, elle y cherchait le grand rôle et ne daignait pas descendre à la lutte. Elle ne voulait pas m’aider à me débattre contre une rechute possible, se donner la peine de guérir quelque regret mal étouffé. Elle avait eu l’énergie de s’offrir, elle n’avait pas celle de conquérir.