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le vide et la froideur de la première ; écoutez-la :


« M. B… m’a écrit enfin. — Vous dites non. C’est bien non ; ce sera non aussi pour moi. Sans dépit, sans honte, sans désespoir, j’accepte l’arrêt de votre sincérité et j’apprécie d’autant plus votre caractère. Peut-être aurais-je eu quelque effroi de moi-même, si vous eussiez dit oui ; mais me voilà bien rassurée et bien fière de mon choix, car vous resterez, bon gré, mal gré, celui que j’ai choisi, que j’ai voulu, celui que je respecte, celui que j’aime. Vous n’entendrez plus jamais parler de moi, et vous n’aurez pas le regret d’apprendre que je suis morte de mon amour. Au contraire, j’en vivrai. Il sera l’événement, le sérieux roman, le beau et le bon souvenir de ma vie de femme. Je ne sais ce que sera cette vie par rapport au monde qui m’entoure, mais je sais qu’au fond de mon âme ranimée il n’y aura plus d’effroi ni d’ennui. Il y aura une certitude, une pensée, une foi, une tendresse, une reconnaissance ; il y aura vous, aujourd’hui et toujours.

« L’INCONNUE DE BLOIS. »