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ami de Blois l’encourageait à garder l’orgueil de son génie. Moi, je sentais que ce génie était trop incomplet pour se montrer si intolérant ; mais je n’osai le lui dire, car il le disait lui-même, il le sentait, et c’était la véritable cause de sa tristesse. Il avait soif du beau et ne savait pas trouver en lui la source où l’homme vraiment doué se désaltère sans avoir besoin du contrôle des autres.

Quant à moi, je ne fus pas meilleur à Tours qu’à Baugency, et Vendôme ne vit pas éclore mon talent d’artiste. Les autres villes où Bellamare gagna et perdit de l’argent ne firent pas grande attention à moi. J’étais tout au plus passable. Je ne faisais pas tache dans l’ensemble, mais je n’y jetais aucun éclat, et mes camarades ne se faisaient plus d’illusion sur mon compte. Bellamare, toujours paternel, assurait que je lui étais utile. Pourtant, je ne pouvais remplacer Lambesq, qui lui était insupportable, et il ne put le congédier qu’à la fin de notre tournée. Elle s’acheva sans que rien eût justifié l’espoir que j’avais eu de devenir l’appui et l’époux d’Impéria. Elle allait rentrer à l’Odéon, et je ne pouvais songer à solliciter un engagement à ce théâtre. Il y avait bien des sujets aussi pâles que