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s’accompagnant d’une pantomime assez mystérieuse convenue entre eux, répondait à toutes ses questions. Il comprit que j’étais un visiteur bienveillant et pensa que je prendrais beaucoup d’intérêt à ses légumes, car il ne me fit pas grâce d’un navet, et me raconta avec détail, dans un patois peu compréhensible, l’histoire de tous ses essais horticoles. Ne pouvant lui communiquer mes impressions, je pris mon mal en patience en voyant Laurence s’emparer de la bêche et retourner lestement le reste du carré entamé par son père. Quand il eut fini, il revint me délivrer.

— Il faut me pardonner, dit-il, je n’avais pas fait ma tâche aujourd’hui, et mon pauvre vieux en eût trop fait, car il ne se plaint jamais et me punit seulement en travaillant double.

Je lui demandai si c’était une nécessité de position.

— Non, répondit-il, nous avons de quoi vivre sans nous fatiguer ; mais mon père a la passion de la terre, et, s’il lui laissait un instant de repos, il croirait avoir commis un crime envers elle. C’est un vrai paysan, comme vous voyez, et en dehors de son jardin le monde n’existe pas. Le fumier