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les vitres bleues, et le tableau que je contemplais en recevait un éclat fantastique comme celui d’un clair de lune d’opéra. Il n’y avait pas de contrevents, les fenêtres renaissance étant à croisillons prismatiques. Les tilleuls en fleur élevaient leurs grosses tètes rondes sur le mur d’en face : un peu plus loin, des pilastres soutenaient sur une terrasse un berceau de vigne ; à droite, une petite fabrique qui pouvait être la loge d’un concierge ressemblait à un tombeau antique. Je ne sais pourquoi cette rue vide et muette, avec ses constructions basses, ses formes élégantes et sa végétation alignée me fit songer à ce que devait être jadis un faubourg de Pompéi ou un quartier de Tusculum vu au crépuscule du matin. L’horloge lointaine sonnant la demie après une heure, je pris le parti de me rouler dans ma couverture de voyage et de m’étendre sur les matelas de satin en ramenant sur moi la vaste courte-pointe de damas bleu ; moyennant quoi, je me trouvai délicieusement couché, et tombai promptement dans cette agréable divagation qui précède un doux sommeil.

C’était la première fois de ma vie que je m’étendais sur une couche aussi riche et aussi moel-