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fait un quiproquo monstrueux en m’y introduisant à la place de quelque marquise. Puis je me rappelai que Léon avait des parents riches, qu’il avait vécu dans le monde, qu’il avait eu des amis de high life, et que, celui dont je recevais l’hospitalité étant garçon et indépendant, il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’il eût meublé dans sa riche maison un bel appartement à l’usage de quelque folle maîtresse ou de quelque personne plus haut placée, qui venait quelquefois en rendez-vous mystérieux chez lui.

Mais pourquoi diable en faisait-on les honneurs à un pauvre cabotin mouillé et crotté qui se fût contenté d’un lit de sangle dans une mansarde sans déroger à ses habitudes ? — Cela me semblait d’une magnificence ironique. N’avait-on pas de plus modeste logement à offrir à un modeste passant dans cette maison princière ? Était-ce là la chambre d’amis ? En ce cas, Léon devait y être, et je me mis à chercher une seconde chambre à coucher sous la même clef.

Il n’y en avait pas. Je pris le parti de m’installer gaiement, sauf à découvrir le lendemain que la gouvernante avait perdu l’esprit. C’était son affaire et non la mienne ; j’étais las, j’avais froid, ma