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mes camarades en prenaient leur parti. Ils m’aimaient ; ils s’étaient mis à m’aimer trop, à ne me demander que de rester avec eux, et à ne plus voir mes défauts.

C’était aussi la disposition d’esprit d’Impéria. J’étais trop beau, disait-elle, pour déplaire au public. J’étais trop bon et trop aimable pour que la troupe pût se passer de moi.

Quant au présent, mon but était rempli. Je n’avais aspiré qu’à vivre auprès d’elle sans lui déplaire ; mais, quant à l’avenir, je ne voyais nullement poindre la fortune ou la renommée qui m’eût permis d’aspirer à être son appui, et il me fallait vivre au jour le jour, très-gai, très-gâté, très-heureux, et au fond très-désespéré.

C’est en quittant Beaugency que m’arriva une aventure bien romanesque et qui a laissé sa trace dans ma vie. Je peux vous la raconter sans compromettre personne, comme vous allez voir.

Nous devions nous rendre à Tours sans nous arrêter à Blois, qu’exploitait en ce moment une autre troupe. Léon demanda à Bellamare s’il lui était indifférent de le laisser dans cette ville jusqu’au surlendemain. Il avait là un ami qui le pressait de