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geai pas à l’accuser de froideur et d’égoïsme, bien que la chose eût dû me paraître évidente du moment qu’elle n’était pas éprise d’un autre, ou qu’elle surmontait cet amour pour n’en pas subir les conséquences.

Léon était content de moi aussi, et il me le dit avec effusion. Régine m’accabla de caresses, Anna se mit à m’admirer comme un héros, Lambesq me détesta davantage, le petit Marco s’engoua de moi et se fit mon âme damnée. Purpurin, voulant me témoigner son estime, m’appela M. de Laurence, Moranbois, tout en continuant à me brutaliser, cessa de me traiter de paltoquet. L’entourage le plus infime du théâtre se crut ennobli par ma gloire ; en un jour, j’étais devenu le lion de la troupe.

Dans la ville, on commença bientôt à parler de l’événement. Le régiment convint le moins possible de la rude leçon donnée par un cabotin à un officier Vachard n’était ni aimé ni estimé ; mais, quoiqu’au fond on fût pour moi et non pour lui, l’esprit de corps ne permettait point qu’on me donnât raison, et quelques-uns parlèrent d’un coup de tête de ma part, suivi d’un coup de maladroit. Les