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taille fortement prise, les épaules hautes, le teint coloré, les cheveux blonds grisonnants et rares, le nez court et comme oublié, le yeux saillants, les oreilles proéminentes jetées en avant comme celles des chevaux ombrageux, la mâchoire saillante et très-lourde ; seule, l’expression de ces deux figures fondues dans le même moule différait essentiellement. Celle de l’aîné était douce et stupide, celle du capitaine stupide et irascible. Les habitudes d’ordre ou d’économie nous parurent préoccuper autant l’un que l’autre. Ils avaient en outre une habitude, je devrais dire une infirmité commune, dont nous ne tardâmes pas à nous apercevoir.

Le baron, ayant remarqué que les chevaux étaient dans un état épouvantable, donna des ordres pour leur essuyage, sans nous demander si nous n’avions pas chaud ou soif nous-mêmes ; puis il nous conduisit en silence à un salon très-frais et très-sombre, et, là, après un certain effort, comme pour rassembler ses idées, il nous dit d’un air de détresse :

— Où est donc mon frère ?

— Il nous suit, répondis-je ; il était sur nos talons.