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et Anna, étaient accompagnées par les officiers, et nous les suivions comme de paisibles et confiants tuteurs. Il nous sembla que Vachard avait prémédité cette sortie triomphale de la ville, et qu’il s’y était réservé le principal rôle, car il se préparait à prendre la tête du cortège avec Impéria, qui montait très-bien et qui se laissait aller sans réflexion à l’innocent plaisir de manier la jument très-douce du capitaine. Je fis tout haut la remarque que nous allions, le directeur, mes camarades et moi, former une arrière-garde des plus ridicules. Un jeune second comique, appelé Marco, que nous avions enrôlé depuis quelques jours, et qui était très-braque, abonda dans mon sens et sauta en croupe derrière Lucinde, jurant qu’il n’en descendrait que par la force des baïonnettes, vu que le devoir du cavalier était de porter le fantassin eu cas d’urgence. Lucinde, dont cette invasion dérangeait le pompeux équilibre, se fâcha tout rouge, et Bellamare dut intervenir tout doucement, car il déclarait n’être pas directeur à la campagne, et cette discussion burlesque se prolongeait au grand dépit de Vachard et aux grands éclats de rire de l’assistance, lorsque j’y coupai court. Voyant tout le monde en belle hu-