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en-Bois se souvenait d’avoir, porté la balle à l’âge où il se fût volontiers fait porter lui-même, et, ne se sentant ni assez de charme dans l’esprit ni assez de séduction dans le caractère pour amuser son pupille, il faisait pour lui ce qu’il pouvait, ce qu’il savait faire ; il lui épargnait toute fatigue physique et se fatiguait à sa place : n’était-il pas né homme de peine ?

C’est en s’abandonnant à ces réflexions philosophiques qu’à une montée, Coq-en-Bois vit devant lui un cabriolet qui rasait le précipice d’une manière inquiétante. Il jugea que le conducteur de ce véhicule dormait, et il doubla le pas ; mais, avant qu’il eût pu l’atteindre, le cheval eut peur d’une chèvre, fit un écart à droite, puis un à gauche… C’en était fait de Bellamare, car l’homme qui conduisait sa voiture de louage avait, en dormant, laissé tomber les rênes. Heureusement, Coq-en-Bois avait lestement déposé son fardeau, il avait couru, il avait saisi Une roue avec sa poigne d’hercule. Le cheval, qui avait déjà perdu pied, roula seul dans l’abîme, les deux tiges du brancard s’étant heureusement cassées net avec les traits. Le cabriolet, enrayé par Coq-en-Bois, recula, et Bellamare, en