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balsamine noli me langere, la spirante d’été, les jolies hélianthèmes, le buplèvre en faux, l’anagallis tenella, sans parler des grandes eupatoires, des hautes salicaires, des spirées ulmaires et filipendules, des houblons et de toutes les plantes communes dans mon petit rayon habituel. La circée m’a remis toute cette floraison sous les yeux, et aussi la grande tour effondrée, et le jardin naturel qui se cache et se presse sous les vieux saules, avec ses petits blocs de grès, ses sentiers encombrés de lianes indigènes et ses grands lézards verts, pierreries vivantes, qui traversent le fourré comme des éclairs rampants. Le martin-pêcheur, autre éclair, rase l’eau comme une flèche ; la rivière parle, chante, gazouille et gronde. Il y a partout, selon la saison, des ruisseaux et des torrents à traverser comme on peut, sans ponts et sans chemins. C’est un endroit qui semble primitif en quelques parties, que le paysan n’explore que dans les temps secs. Hélas ! gare au jour où les arbres seront bons à abattre ! La flore des lieux frais ira se blottir ailleurs. Il faudra la chercher.

En voyant le domaine de la nature se rétrécir de jour en jour, et les ravages de la culture mal entendue