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merveilleux serait que la nature se trompât et fit des arlequins.

Cependant les savants se sont crus obligés de constater et d’affirmer le fait, et ils ont donné, très à tort selon moi, le nom de métamorphisme à l’opération logique et obligatoire qui transforme le pétale en étamine après avoir transformé la feuille en pétale, comme si une progression de fonctions dans l’organisme était un changement de substance. Ils appellent très-sérieusement l’attention de l’observateur sur ce changement de formes, de couleurs et de fonctions. Fort bien. Le passage du pétale à l’étamine saute aux yeux dans le nénufar, comme dans la rose des jardins le passage de l’étamine au pétale. Dans le nénufar, la nature travaille elle-même à son perfectionnement normal ; dans la rose, elle subit le travail inverse que lui impose la culture pour arriver à un perfectionnement de convention ; mais, de grâce, avec quoi, dans l’un et l’autre cas, la fleur arriverait-elle à se faire féconde ou stérile ? Et, dans tout être organisé, animal ou plante, de quoi se forment l’organisation et la désorganisation, sinon de la propre substance, enrichie ou égarée, de l’individu ?