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« C’est égal, disait-il dans ses lettres, le cachot m’a attaqué les yeux, il faudra bien que le soleil me les guérisse. »

Au bout de deux ans, il s’aperçut bien que la colonisation est impossible sans ressources suffisantes ; il se vit forcé de louer sa terre aux Arabes et de chercher une ferme dont il pût retirer de quoi payer sa bâtisse, condition exigée de tous les concessionnaires. Il trouva un terrain considérable, et s’établit à la ferme de Coudiat-Ottman, dite depuis ferme de M. Vincent, et dite aujourd’hui ferme du père Patureau. C’est là qu’il a vécu dès lors, élevant ses fils et gardant sa douce philosophie pour remonter les courages autour de lui. Il y conquit tant d’estime et de sympathie, que le préfet de Constantine voulut l’adjoindre au conseil municipal de sa commune. Il publia, ainsi que son fils aîné Joseph, de très-bons travaux sur la vigne et la culture du tabac. Il fut nommé membre de la Société d’agriculture de Philippeville. Tous les colons, à quelque classe et à quelque opinion qu’ils appartinssent, se sont étonnés qu’un homme de mœurs si douces et d’un cœur si humain et si généreux eût été emprisonné et chassé