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au milieu de ses enfants et en s’inclinant avec respect quand sa mère octogénaire, pieuse et digne femme qui professait le christianisme primitif, lui rappelait que l’Évangile était la science de l’égalité par excellence. Aussi Patureau tenait-il de sa mère la douceur des instincts, l’austérité des mœurs et une religiosité particulière qui ajoutait au charme de sa douce prédication.

Nul homme ne parlait mieux, avec plus de sens, plus de bonhomie et plus d’esprit. Il était impossible de l’aborder sans vouloir l’écouter encore et toujours. Il y avait en lui un intime mélange de finesse et de candeur, d’ardeur pour le bien et de moquerie pour le mal, d’indignation républicaine et de pardon chrétien. Lorsque les journaux nous apportèrent la nouvelle d’un attentat célèbre, il était chez moi. Nous déjeunions ensemble. Cet attentat était dirigé contre le représentant d’un système qui l’avait déjà cruellement frappé. Loin de s’intéresser aux conspirateurs, il jeta tristement le journal, en s’écriant :

— Faire du mal à ses ennemis, moi, je ne pourrais pas !