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ont réalisé pour nous le rêve des forêts vierges. Dans des localités humides et comme abandonnées, nous avons pénétré sous des ombrages dont l’épaisseur admirable n’ôtait rien à la transparence et au vague délicieux. Là, tout aussi bien que dans la forêt fermée de Laricia et sur les roches de Tivoli, les plantes grimpantes avaient envahi les tiges séculaires et s’enlaçaient en lianes verdoyantes aux branches des châtaigniers, des hêtres et des chênes. La mousse tapissait les branches, et la fougère hérissait de ses touffes découpées le corps des arbres, de la base au faîte. Dans leur creux, des touffes de trèfle forestier semblaient s’être réfugiées et sortaient en bouquet de chaque fissure. Les blocs granitiques, embrassés et dévorés par les racines, étaient soulevés et comme incrustés dans le flan des arbres. Enfin, ce que j’ai en vain cherché en Italie, ce que je n’ai remarqué que là, en plein midi, le soleil, tamisé par le feuillage serré mais diaphane, laissait tomber sur le sol et sur les fûts puissants des hêtres, des reflets froids et bleuâtres comme ceux de la lune.

En résumé, les arbres à feuillage persistant ont plus d’audace et d’étrangeté dans leur attitude ;