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importe, à nous qui habitons le pays de la langue d’oil, de prouver que les seconds l’emportaient sur les premiers.

Je m’en réfère au jugement d’un homme compétent sur la matière, à celui de M. de Marchangy, écrivain monarchique et religieux s’il en fut. Il dit que les troubadours ont excité une admiration que le faible mérite de leurs compositions ne peut suffisamment justifier. Il ajoute que les trouvères, « moins connus et plus dignes de l’être, ont fait briller une imagination riche et variée dans ses jeux, et ont laissé des ouvrages où n’ont pas dédaigné de puiser Boccace, l’Arioste, la Fontaine et Molière ».

Admettons cependant qu’un troubadour puisse lutter contre un trouvère avec quelque espoir de succès ; du moins faudra-t-il qu’ils écrivent chacun dans leur langue ; mais qu’un habitant du pays des trouvères s’avise de composer en dialecte provençal, ou qu’un troubadour pur sang, un indigène des régions Lémoricques se permette d’écrire dans le langage de Rabelais, nous verrons, ma foi, de belle besogne !

Si vous rencontrez jamais un infortuné troubadour qui veuille entrer en lutte avec notre